HOLYWOODOO, Exposition d’affiches de cinéma, Confort Moderne

Une cinquantaine d’affiches originales de cinéma peintes sur de vieux sacs de farine de blé en provenance du Ghana. Cloué à l’origine sur les façades écaillées des multiples cinémas et vidéo clubs d’Accra, ces posters grand format sont l’oeuvre d’un artisanat qui puise sa naïveté et sa grandiloquence à la fois dans l’imaginaire vaudou et la réalité marchande, dans une débauche éclatante de laque glycéro industrielle. Ici, on réinvente sans vergogne les affiches des films de guerre, d’horreur, d’action et de série B projetés en salles.

Exposition d’affiches de cinéma
31 octobre – 30 novembre
Confort Moderne
– PEUR SUR LA VILLE –
Dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, le cinéma a toujours été une activité centrale pour la majeure partie de la population. Les villes importantes et notamment Accra la capitale, possédaient de magnifiques salles héritées de la colonisation anglaise. Face à la difficulté de trouver des pièces de rechange pour les projecteur 35 mm elles ont périclité les unes après les autres et l’invasion de la vidéo au début des années 80 a scellé définitivement leur sort.
La consommation de cassettes qui en a découlé a engendré, au royaume de la micro entreprise et de la débrouille, une multitude de vidéo clubs. Ces échoppes Proposent une grande partie du catalogue B hollywoodien, les films d’action asiatiques et les inénarrables productions locales tournées pour la plupart en vidéo 8 mm. A charge ensuite aux vidéo clubs de louer leurs films dans d’improbables salles de quartier plus ou moins obscures équipées de télés et de magnétoscopes. On peut alors contre une modique somme d’argent, visionner un film, installé sommairement sur des bancs en bois dans une ambiance franchement survoltée.
Etant données les faibles ressources du pays, ces productions sont la plupart du temps l’objet de piratage ne bénéficiant d’aucun matériel publicitaire. C’est donc par défaut qu’un certain nombre d’artistes se sont mis a réaliser les affiches qui accompagnent ces projecteurs, devenant très vite spécialistes dans ce type de représentation. Ces artistes peintres d’un genre inédit travaillent rarement à partir de documents photographiques. Leur capacité de récupération tient ici plus du détournement artistique et ce qui ne devrait être qu’un objet publicitaire placardé dans une rue de quartier devient une ouvre à part entière. Ces peintures donnent lieu à des réinterprétations personnelles extra-ordinaires, mêlant à l’infini l’iconographie de centaines de films et les portraits étranges, souvent peu réalistes, de stars célébrissimes.
Ces déclinaison des codes occidentaux à travers le prisme de la culture africaine propose de multiples lectures dans des jeux de miroirs cinématographiques revisités. Et c’est dans les représentations de films africains que l’imagination vaudou des arts designer se déchaîne et s’exprime pleinement sous des couleurs Glycéro de chantier. D’une composition toujours simple mais efficace, ces affiches peintes à la main sur de vieux sacs de farine de blé nous renvoient vers la part la plus mystérieuse de nos anciennes superstitions.
Dans la confrontation et des cultures nous apparaît d’étranges visions du 7 ème Art, inconnues, peu familières ou tout simplement oubliées.
Pascal Saumade
 La Pop Galerie