"Le rock'n'roll est la
dernière aventure du monde civilisé," OTH, "Homme
des cavernes modernes" verset 86.
Impossible de ne pas les évoquer tant leur contribution au
rock, et à l'info rock a été
déterminante.
Ils ont en commun d'avoir, au cours d'une existence assez
brève, tous franchi a un moment ou un autre, le cap des 1
000 exemplaires, d'avoir tâté de la photocopie
avant l'imprimerie, d'avoir déployé une
énergie considérable pour la cause du rock ou des
rocks, de s'être donné les moyens d'être
les ardents propagateurs des musiques qu'ils aimaient et
défendaient en prodiguant l'information la plus
complète, la plus exhaustive possible, en menant un vrai
travail d'investigation sur les scènes rock, en en parlant
autrement.
Leur
prosélytisme ne se limite pas à la musique ;
leurs horizons sont plus vastes : bande dessinée, graphisme,
littérature, cinéma emplissent colonnes et
rubriques, comme pour réaffirmer et nous convaincre de la
réalité d'une culture et d'une
écriture rock.
Chaque numéro est une bible pour les fans.
Ils se nomment :
LES
HÉROS
DU PEUPLE SONT IMMORTELS, LE
LÉGUME DU JOUR, TANT QU'IL Y AURA DU ROCK/COMBO!, WAKE UP !,
VIOLENCE.
"L'équipe est très influencée par tout
ce qui a redonné une vigueur et une émotion
à la musique : le rock'n'roll et le punk." (Edito du
n° 4 - 86)
LHDPSI c'est la voix, l'organe du Gougnaf
Mouvement, LE label.
LHDPSI c'est aussi la compilation du même nom. Vinyl
d'anthologie du rock en France avec les Thugs, Parabellum, les
Porte-Manteaux, Hot Pants, OTH, Single Track, les Rats, Babylon
Fighters, Parfum de Femme, Camera Silens, La Souris
Déglinguée.
Gino Caramel, Caliméro Manoeuvre, Rico Maldoror, Mortback,
Géant Vert Inc. : des pseudo à gogo, des insignes
signateurs pour des sommaires saignants. "En avant Marx"
c'était ça LHDPSI.
WARDENE, véritable mine de
contacts, bottin de l'alternatif français,
abécédaire rock'n'rollesque, prendra un temps la
suite de LHDPSI.
Maxwell et l'équipe du LÉGUME
DU
JOUR (lire l'interview dans WAKE
UP ! n° 4 -89) ont été
parmi les grands apologistes de l'Alternatif, les apôtres de
la bonne parole ; et comme bien d'autres ont mal vécu la
mort de Bérurier Noir et la mutation de la scène
en France.
La maquette "soukissime" (aux dires de Maxwell), l'envie de ne pas trop
se prendre au sérieux, le côté
fanzine-maniaques, l'humour et la passion qui s'expriment à
chaque page en font un des prototypes même du Zine. Le
numéro spécial consacré aux Thugs est
un outil de référence dans le genre.
Gros morceau ! L'histoire de TQADR, c'est
une histoire à elle toute seule, une histoire
liée au parcours et à la personnalité
de son créateur-animateur et pigiste principal : David
Dufresne ; puis de sa rencontre avec Yannick Bourg qui enfantera COMBO !
Plus activiste que Davduf tu meurs ! Fidèle aux garage-bands
U.S, au punk et psychedelic 60's, au rock à la
Plimsouls, Barracudas, Remains, Creeps pendant 15
numéros, TQADR / trimestriel n'a jamais
hésité à lorgner aussi sans vergogne
du côté du rock en France : OTH, Parabellum,
Oberkampf, Thugs (leur 1er article en 84).
Loin des chapelles, TQADR prêche l'anti-sectarisme ; l'esprit
unitaire, l'amour du rock'n'roll; affirme haut et fort que c'est un état
d'esprit, un mode de vie, une éthique ouverte aussi au
punk-rock, au rock alternatif etc. Articles de fond, news,
scène internationale et française : le rock
sauvera le genre humain !
Ce trop-plein d'énergie David le déverse dans un
label : "STOP IT BABY RECORDS", label qui signera tour à
tour les Shifters, Playboys, Maniacs, King Size, Mike Rimbaud,
Hard-Ons, Lost Patrol etc. Puis créé avec Yannick
Bourg la revue "saisonnière" COMBO !
Les ambitions sont à la mesure du duo de choc qui la
compose.
COMBO !
inaugure un genre plutôt nouveau dans le fanzinat ; David
récusera le terme fanzine pour définir COMBO ! Le
format de poche et le nombre de pages (près de 100) lui
donnent l'aspect d'un livre, renforcé par une
présentation sobre et efficace avec peu d'illustrations.
Le contenu voit se croiser le Polar (Manchette, James Ellroy, Bertrand
Delcourt), la SF et le fantastique (Norman Spinrad, Stephen King), le
rock (les Thugs, Kinks, Wampas), le rap (KRS One). L'écriture
est assez littéraire, élégante mais
pas trop intello.
Les dossiers thématiques complets tels que
l'enquête sur la "presse rock", des interviews de 22 pages
(Thugs), les articles de 40 pages (Peter Case) témoignent
d'une volonté délibérée
d'aller plus loin, de faire le tour du sujet, d'approfondir la
question.
Pour finir, Yannick et David créent en 90 la "collection
Homicide" qui édite ou réédite des
romans et nouvelles de polar, avant de laisser là leurs
activités éditoriales.
Yannick fait dans la littérature, David dans le journalisme
à Libération.
Encore un qui aime autant le rock que la bande dessinée et
qui fera très fort et très court. Par bande
dessinée, il faut entendre des auteurs tels que Max, Mezzo,
Pyon, Rotringo, c'est-à-dire, des "underground", des
dessinateurs allumés ; par rock, ce qui vient des Etats Unis
comme les Killdozer, Samian, Big Drill Car, le grunge à la
Sub-Pop, ou Fugazi, les anglais : Mega City Four et Sofa Head, quelques
français : Shredded Ermines, Thompson Rollets.
Dès le n°4 WAKE UP !
passe en offset, multiplie son tirage et cherche à
ressembler au grand-frère américain,
apôtre du hardcore : MAXIMUM ROCK'N'ROLL.
A partir du n° 6 l'imposante rubrique "What's Up?!"
déverse des tonnes d'infos sur les scènes
hexagonales et les forcenés qui la font.
Le n° 7 sonne le glas d'un WAKE UP ! qui s'orientait
déjà vers l'écriture, la
création littéraire aux dépens de la
musique.
Après une recherche identitaire dans le rock alternatif VIOLENCE
affirme assez vite son attachement à un genre musical en
pleine expansion à l'époque, le "hardcore". Mais
le punk-rock, le rock australien, le rock indé y trouveront
toujours leur place. En vrais fans des Hard-Ons, les "violents"
suivront d'ailleurs leur groupe partout en France dès la
moindre tournée.
Malgré la parution aléatoire, les retards dus au
manque de temps et d'argent, chaque livraison (très
attendue) de VIOLENCE prend la forme d'un opuscule épais,
complet - mais très digeste - frôlant les 80
pages. Performance rédactionnelle qui exigera de la part du
lecteur le même type de performance (d'autant plus que la
mise en page est plus que surchargée).
VIOLENCE,
le zine par excellence, sympathique, enthousiaste, exhaustif, a aussi
ses humeurs, ses coups de gueule, ses coups de coeur.
A lui la parole : "Enrageons-nous, créons ! Vous n'avez pas
de concert dans votre patelin? Prenez un pote par le bras, allez
à la préfecture, fondez une asso et faites le
tour de votre bled pour trouver la salle idéale. Demandez
à votre maire, il y aura peut-être une salle ne
servant à rien qui, avec quelques aménagements,
pourra accueillir des fadas avec des guitares."
Nous n'oublierons pas non plus pour leur participation à la
cause :
BRUITS & GRAFFITIS, TUEZ
LES TOUS, EL
F.A.A.ZINE, NOIR
MARINE, ANONYME, A LITTLE BIT OF ROCKIN', KRIME
SONIK, JOLLY
ROGER, PSYCHO
PUNK .