3 - LES ACTIVISTES ROCK

"Le rock'n'roll est la dernière aventure du monde civilisé," OTH, "Homme des cavernes modernes" verset 86.
Impossible de ne pas les évoquer tant leur contribution au rock, et à l'info rock a été déterminante.
Ils ont en commun d'avoir, au cours d'une existence assez brève, tous franchi a un moment ou un autre, le cap des 1 000 exemplaires, d'avoir tâté de la photocopie avant l'imprimerie, d'avoir déployé une énergie considérable pour la cause du rock ou des rocks, de s'être donné les moyens d'être les ardents propagateurs des musiques qu'ils aimaient et défendaient en prodiguant l'information la plus complète, la plus exhaustive possible, en menant un vrai travail d'investigation sur les scènes rock, en en parlant autrement.
Leur prosélytisme ne se limite pas à la musique ; leurs horizons sont plus vastes : bande dessinée, graphisme, littérature, cinéma emplissent colonnes et rubriques, comme pour réaffirmer et nous convaincre de la réalité d'une culture et d'une écriture rock.
Chaque numéro est une bible pour les fans.
Ils se nomment :
LES HÉROS DU PEUPLE SONT IMMORTELS, LE LÉGUME DU JOUR, TANT QU'IL Y AURA DU ROCK/COMBO!, WAKE UP !, VIOLENCE.

les héros du peuple sont immortels
LES HÉROS DU PEUPLE SONT IMMORTELS
(Morsang sur Orge) - 10 numéros 85-86
+ le supplément WARDENE : 13 numéros 86-87


"L'équipe est très influencée par tout ce qui a redonné une vigueur et une émotion à la musique : le rock'n'roll et le punk." (Edito du n° 4 - 86)

LHDPSI c'est la voix, l'organe du Gougnaf Mouvement, LE label.
LHDPSI c'est aussi la compilation du même nom. Vinyl d'anthologie du rock en France avec les Thugs, Parabellum, les Porte-Manteaux, Hot Pants, OTH, Single Track, les Rats, Babylon Fighters, Parfum de Femme, Camera Silens, La Souris Déglinguée.
Gino Caramel, Caliméro Manoeuvre, Rico Maldoror, Mortback, Géant Vert Inc. : des pseudo à gogo, des insignes signateurs pour des sommaires saignants. "En avant Marx" c'était ça LHDPSI.
WARDENE, véritable mine de contacts, bottin de l'alternatif français, abécédaire rock'n'rollesque, prendra un temps la suite de LHDPSI.

légume du jour
LE LÉGUME DU JOUR
(Torcy)
7 numéros 87-90
+ 1 hors-série "spécial Thugs" 89
(+ la K7 live)

Maxwell et l'équipe du LÉGUME DU JOUR (lire l'interview dans WAKE UP ! n° 4 -89) ont été parmi les grands apologistes de l'Alternatif, les apôtres de la bonne parole ; et comme bien d'autres ont mal vécu la mort de Bérurier Noir et la mutation de la scène en France.
La maquette "soukissime" (aux dires de Maxwell), l'envie de ne pas trop se prendre au sérieux, le côté fanzine-maniaques, l'humour et la passion qui s'expriment à chaque page en font un des prototypes même du Zine. Le numéro spécial consacré aux Thugs est un outil de référence dans le genre.


tant qu'il y aura du rock
TANT QU' IL Y AURA DU ROCK
(Poitiers/Paris)
15 numéros 84-88)


Gros morceau ! L'histoire de TQADR, c'est une histoire à elle toute seule, une histoire liée au parcours et à la personnalité de son créateur-animateur et pigiste principal : David Dufresne ; puis de sa rencontre avec Yannick Bourg qui enfantera COMBO !
Plus activiste que Davduf tu meurs ! Fidèle aux garage-bands U.S, au punk et psychedelic 60's, au rock à la Plimsouls, Barracudas, Remains, Creeps pendant 15 numéros, TQADR / trimestriel n'a jamais hésité à lorgner aussi sans vergogne du côté du rock en France : OTH, Parabellum, Oberkampf, Thugs (leur 1er article en 84).
Loin des chapelles, TQADR prêche l'anti-sectarisme ; l'esprit unitaire, l'amour du rock'n'roll; affirme haut et fort que c'est un état d'esprit, un mode de vie, une éthique ouverte aussi au punk-rock, au rock alternatif etc. Articles de fond, news, scène internationale et française : le rock sauvera le genre humain !

Ce trop-plein d'énergie David le déverse dans un label : "STOP IT BABY RECORDS", label qui signera tour à tour les Shifters, Playboys, Maniacs, King Size, Mike Rimbaud, Hard-Ons, Lost Patrol etc. Puis créé avec Yannick Bourg la revue "saisonnière" COMBO ! Les ambitions sont à la mesure du duo de choc qui la compose.


combo
COMBO !
(Paris)
9 numéros 89-91


COMBO ! inaugure un genre plutôt nouveau dans le fanzinat ; David récusera le terme fanzine pour définir COMBO ! Le format de poche et le nombre de pages (près de 100) lui donnent l'aspect d'un livre, renforcé par une présentation sobre et efficace avec peu d'illustrations.
Le contenu voit se croiser le Polar (Manchette, James Ellroy, Bertrand Delcourt), la SF et le fantastique (Norman Spinrad, Stephen King), le rock (les Thugs, Kinks, Wampas), le rap (KRS One). L'écriture est assez littéraire, élégante mais pas trop intello.
Les dossiers thématiques complets tels que l'enquête sur la "presse rock", des interviews de 22 pages (Thugs), les articles de 40 pages (Peter Case) témoignent d'une volonté délibérée d'aller plus loin, de faire le tour du sujet, d'approfondir la question.
Pour finir, Yannick et David créent en 90 la "collection Homicide" qui édite ou réédite des romans et nouvelles de polar, avant de laisser là leurs activités éditoriales.
Yannick fait dans la littérature, David dans le journalisme à Libération.


wake up
WAKE UP !
(Périgueux/Angers)
8 numéros 88-91


Encore un qui aime autant le rock que la bande dessinée et qui fera très fort et très court. Par bande dessinée, il faut entendre des auteurs tels que Max, Mezzo, Pyon, Rotringo, c'est-à-dire, des "underground", des dessinateurs allumés ; par rock, ce qui vient des Etats Unis comme les Killdozer, Samian, Big Drill Car, le grunge à la Sub-Pop, ou Fugazi, les anglais : Mega City Four et Sofa Head, quelques français : Shredded Ermines, Thompson Rollets.
Dès le n°4 WAKE UP ! passe en offset, multiplie son tirage et cherche à ressembler au grand-frère américain, apôtre du hardcore : MAXIMUM ROCK'N'ROLL.
A partir du n° 6 l'imposante rubrique "What's Up?!" déverse des tonnes d'infos sur les scènes hexagonales et les forcenés qui la font.
Le n° 7 sonne le glas d'un WAKE UP ! qui s'orientait déjà vers l'écriture, la création littéraire aux dépens de la musique.


violence
VIOLENCE
(Saint-Etienne)
13 numéros 90-94


Après une recherche identitaire dans le rock alternatif VIOLENCE affirme assez vite son attachement à un genre musical en pleine expansion à l'époque, le "hardcore". Mais le punk-rock, le rock australien, le rock indé y trouveront toujours leur place. En vrais fans des Hard-Ons, les "violents" suivront d'ailleurs leur groupe partout en France dès la moindre tournée.
Malgré la parution aléatoire, les retards dus au manque de temps et d'argent, chaque livraison (très attendue) de VIOLENCE prend la forme d'un opuscule épais, complet - mais très digeste - frôlant les 80 pages. Performance rédactionnelle qui exigera de la part du lecteur le même type de performance (d'autant plus que la mise en page est plus que surchargée).

VIOLENCE, le zine par excellence, sympathique, enthousiaste, exhaustif, a aussi ses humeurs, ses coups de gueule, ses coups de coeur.
A lui la parole : "Enrageons-nous, créons ! Vous n'avez pas de concert dans votre patelin? Prenez un pote par le bras, allez à la préfecture, fondez une asso et faites le tour de votre bled pour trouver la salle idéale. Demandez à votre maire, il y aura peut-être une salle ne servant à rien qui, avec quelques aménagements, pourra accueillir des fadas avec des guitares."


Nous n'oublierons pas non plus pour leur participation à la cause :
BRUITS & GRAFFITIS, TUEZ LES TOUS, EL F.A.A.ZINE, NOIR MARINE, ANONYME, A LITTLE BIT OF ROCKIN', KRIME SONIK, JOLLY ROGER, PSYCHO PUNK .