5 - PUNKS : ANARCHISME OU ANARCHIE !

C)- BIERE ET PUNK

Sacré refrain ! "C'est comme si c'était mon frère dit-il."
Ils sont gentils ces groupes punk's not dead des deux côtés de la Manche, un peu balourds, souvent franchement pas clairs.
De la musique avant toute chose lit-on parfois au mépris de certaines convictions ; on préfère ne pas en parler, se laisser porter par l'urgence des textes, les riffs des accords et les litres de kro qui s'écoulent dans les gosiers.
Quelques uns ont cependant leur conscience pour eux et le font savoir ; au menu : LE DEMONIAQUE, ALIENATION, LE DEKAPSULEUR, NO GOVERNMENT, sans oublier CRISANTEM, SURSAUT, KONTAGION.


demoniaque
LE DEMONIAQUE
(Marne la Vallée)
4 numéros 83-84


Originaire d'un département qui a le bon chiffre - la Seine et Marne c'est 77 bien sûr -, LE DEMONIAQUE incarne la 2ème vague du punk français, la version un peu moins bourrine et un peu plus policée que l'autre CHAOS ; Guernica, Porte-Manteaux (pré-Parabellum), Brigades, Gnomes, Cadavres, Rats, Wunderbach papotent, rigolent et boivent des coups. LE DEMONIAQUE organise des concerts à la ferme d'Emerainville ; les photos du zine conservent la trace de fraternisations imbibées et pogos houleux.
En 1984 soucis de la rédaction et méchantes résolutions : "nous voulons des concerts clean où on puisse s'éclater ; nous voulons pouvoir être bourrés sans rien casser ; y'en a marre de la stomba, de l'hôpital, de la frime".
Le rôle du fanzine : "le fanzine pousse dans l'ombre le rock à mieux vivre et ce malgré les commérages incessants et médisants et malgré la vérole".


alienation
ALIENATION
(Le Havre)
23 numéros 84-88


Guérilla Urbaine se saborde fin 83, sur les "cendres encore chaudes" ALIENATION paraît en Janvier 84 ; il sera plus joli et plus carré. Il fixe ses objectifs : "nous voulons échanger des idées et des informations avec un maximum de gens. Le fanzine est en fait un prétexte pour ça. (...) Nos lecteurs, c'est vital pour nous ; les lecteurs d'ALIENATION sont certainement les plus actifs de France."
A un autre moment il fustige son lectorat trop passif (n° 22 - fin 1987) : "c'est trop facile d'acheter son petit disque de temps en temps. Il serait temps pour vous que vous vous sentiez concernés par ce qui se passe autour de vous, que vous preniez vous-mêmes des initiatives..."

Parti d'un 30 pages sur le british punk : One Way System, UK Subs, Angelic Upstairs, et quelques hexagonaux : Camera Silens, Oberkampf, Kromozom 4, ALIENATION glisse ostensiblement vers un sommaire plus hardcore, des scènes internationales avec le n° 20 : évolution oblige et arrivée de nouveau "personnel" au sein de la rédaction.


dekapsuleur
LE DEKAPSULEUR
(Paris)
10 numéros 84-86


LE DEKAPSULEUR n'a pas peur des gros mots : "on a décidé de faire un zine pour parler de musique et pas pour se masturber le cerveau sur des théories / théologies casse-couilles."
1985 ça polémique sec dans le microcosme : une interview du skinband parisien les "Tolbiac Toads" fait réagir le zine KANAI qui leur décoche quelques flèches. Réponse du DEKAPSULEUR :"77 est décidément bien loin ! Les punks sont en carte postale, les skins se tapent dessus. Si on interview Crass, on sera anars ; si on interview les redskins, on sera socialistes ? Non assez de conneries et bonnes lectures."

Peter & the Test Tub Babies, Vatican, Toy Dolls, Trotskids, Sherwoods, Minor Threat, Kidnap, Red London, Kortatu, tout le punk est là de 77 à 86.


no government
NO GOVERNMENT
(Reims)
35 numéros depuis 85


NO GOVERNMENT a la vie dure. Depuis 12 ans Arnaud Schuler concocte patiemment un fanzine entièrement fait-main. Sa potion magique : le punk-rock. Il faut dire qu'il est tombé dedans tout petit.
Après avoir rêvé un temps à une fugace et utopique unité punk + skin, Arnaud s'est livré corps et âme à la cause de cette musique chérie au plus profond de son coeur : "notre zine comporte pas mal de fotes d'orthografs, c'est normal car on s'en balance totalement", le n° 4 s'ouvre avec l'action d'éclat de l'année 85 : 200 punks attaquent la police à Montreuil ; bataille rangée entre punks et policiers, pour défendre l'occupation de la salle de concerts / squatt l'Usine. Événement travesti, monté en épingle (à nourrice !) par une certaine presse qui en profite pour agiter le sempiternel épouvantail : punk = délinquance = voyou = barbare dégénéré. Revient sur le tapis la controverse autour du KANAI n°6 qui avait "allumé" un certain nombre d'autres zines outre LE DEKAPSULEUR (pour les Tolbiac Toads) : BRUITS & GRAFFITTI (pour leurs subventions), COMBAT ROCK (pour le "procès" contre MOLOTOV & CONFETTI), d'autres zines... la polémique se poursuit et Arnaud Schuler de s'esclaffer pour commencer : "C'est à mourir de rire !!"...