7 - POP NOISY OU NOISYPOP?

Les Inrocks, les Inrocks...
On pourrait s'en douter, mais comment ne pas parler (très peu) des INROCKUPTIBLES, ce fan/magazine né en avril 86 qui très rapidement va conquérir et s'imposer dans l'espace hexagonal.
Surprise de taille ! On avait méprisé la "pop sucrée" dans nos contrées où le rock s'est fait par trop musclé, mâle, hâbleur, revendicatif, à l'opposé de la Grande Bretagne où le rock pour "les gentils jeunes gens" aimant leurs parents n'avait pas encore trouvé sa place.
Les INROCKUPTIBLES saura se faire l'écho fidèle (salvateur diront certains) de ces tendances.

Il est évident que ce titre "majeur" a eu une influence sur le reste des publications.
Il a su imposer une image, une démarche. Sa réussite commerciale tient aussi à son esthétique, le rapport texte / image, vide / plein, noir et blanc. Sobriété et concision - l'anti-punk.

Dans cette brèche ouverte se sont engouffrés quelques titres, voyons-les ensemble :
MEA CULPA (l'originel le pionnier), ANOTHER VIEW (la comète copie-conforme), PREMONITION (le coureur de fond).


mea culpa
MEA CULPA
(Créteil)
9 numéros 85-87


C'est pas ma faute, c'est celle de MEA CULPA.
Bien à part dans le paysage du fanzinat hexagonal (et c'est tout à son honneur, être à part dans l'à part c'est pas mal), MEA CULPA s'est livré pendant 9 numéros à un exercice bien particulier ; il en a fait son cheval de bataille, y a manifesté virtuosité et bravoure : c'est celui de la critique musicale.
Par critique musicale j'entends chroniques de démos, de vinyls, de CD ; ce que Stéphane
Rozencwaj, son rédacteur, appelle sans pudibonderie des "autopsies sonores" (c'est dire si c'est décortiqué). La critique, c'est bien, l'art, difficile par excellence ; là où s'épanche la subjectivité élémentaire nécessaire à toute bonne vision objective.

Trêve de plaisanterie, très tôt MEA CULPA s'enthousiasme tellement pour la nouvelle pop anglaise, sa fraîcheur, sa nouveauté, sa naïveté, tout en défendant une musique plus difficile d'accès, plus dure et plus froide (Live Skull, Siglo XX, Durutti Column...)
Sur les Pastels : "nous ne sommes pas loin de penser que les Pastels pourraient bien être les instigateurs, les générateurs de toute une nouvelle génération de groupes". (Octobre 86) MEA CULPA converse abondamment avec son lectorat, conseille et déborde d'altruisme forcené.

Une réflexion pour finir : " il y a exactement dix ans, c'était en 1976, un jour nouveau se levait sur Londres. Un peu partout, des jeunes, des très jeunes gens en ont eu assez qu'on leur chante l'amour, la paix et les petits oiseaux dans les arbres, alors qu'ils vivaient dans la haine, la poussière et le chaos. Des jeunes en ont eu assez de cette musique rock, réservée à une élite de musiciens rébarbatifs et poilus. Pour eux, la création était à portée de chaque main, il n'y avait plus qu'à la saisir. Il y a dix ans, Londres et l'Angleterre ahuris découvraient le mouvement punk." (Mars 86)


anotherview
ANOTHER VIEW
(Levallois-Perret)
10 numéros 90-92


Quelle est cette "autre vue " ?
Où est cette autre perspective ?
Sans vouloir éreinter a priori cette nouvelle revue ni sombrer dans la critique naïve et facile qui ferait d'eux des suiveurs avisés et agissants n'ayant pas les attraits magnifiques de leurs prédécesseurs, on peut se demander chez ANOTHER VIEW où est le discours, l'originalité...
Que pensent-ils ? que défendent-ils ? qui sont-ils ? des apprentis-littérateurs satellisés autour de la planète pop ?

ANOTHER VIEW s'apparente trop à ses aînés pour défendre envers et contre tous son identité.
C'est dommage !
Quelques espaces sont réservés néanmoins à la création, mais tout est trop conditionné, arrangé, procédurier. Où sont donc l'innovation et l'imagination !
Enfin ! ils s'y sont succédés : Lush, Cocteau Twins, Sonic Youth, Julian Cope, Bill Pritchard, The Cramps, My Bloody Valentines, Kat Onoma, The Jesus & Mary Chain.


premonitions
PREMONITION
(Paris)
27 numéros depuis 89


Sans animosité et par respect pour les groupes qui y ont été invités et catéchisés, sans désir trop futile de faire l'impasse sur ce titre, mais il faut bien dire que PREMONITION est bien trop frigide pour suggérer, susciter quoi que ce soit dans cette rétrospective. PREMONITION a le mérite
d'exister. Et d'exister bien !
PREMONITION a su rester fidèle à ses débuts, en tout bien tout honneur. Son chemin bien tracé est rectiligne et droit.
Bonne route !