Wimmen’s Comix

L’INTEGRALE WIMMEN’COMIX en deux volumes.

Anthologie du fanzine Wimmen’s Comix, premier fanzine dessiné exclusivement par des femmes aux états-unis dans les années 70, et traduit pour la première fois en français. Une initiative remarquable dûe à l’éditeur alternatif Komics Initiative de Mickaël Géreaume. Reproduction intégrale des 17 numéros parus entre 1972 et 1992.

 

préface Marie Gloris Bardiaux Vaïente

Alors que l’arrêt de la Cour suprême « Roe versus Wade » n’autorise le droit à l’IVG aux Etats-Unis qu’en 1973, une autrice de bande dessinée, Lora Fountain, expose son avortement clandestin dès 1972 dans le premier numéro de Wimmen’s Comix.
Emmenées par Trina Robbins, près de cent autrices vont participer à cette aventure pendant deux décennies. Nombreuses sont celles qui ne feront qu’une apparition dans l’un des dix-sept numéros que compte l’ensemble, tandis que d’autres contribueront de manière soutenue à ce qui apparaît aujourd’hui comme une anthologie féministe de la bande dessinée indépendante américaine. Wimmen’s Comix, par sa dimension anticonformiste, réalise une approche révolutionnaire du genre. La non-mixité de l’oeuvre, si elle n’en est la seule, est la première des preuves factuelles de cet aspect.
Si je cite en tout premier lieu le travail de Lora Fountain, c’est bien pour souligner la dimension politique d’une telle expérience. Les autrices de ce fanzine utilisèrent le médium mis à leur disposition afin de publier des histoires dont on ne peut remettre en cause la dimension féministe globale. Qu’il s’agisse des questions liées au corps, à la féminité, – dont les récits sulfureux sur le lesbianisme -, aux conditions et contraintes de vie des femmes, qu’elles soient pratiques, légales, sociales ou sociétales, dans une Amérique encore puritaine et dans un monde patriarcal que les 70’s et ses divers mouvements culturels n’ont pas réussi à abattre, il est impossible de ne pas voir dans ce recueil un pamphlet de contestation contre une société étouffante et sclérosante pour la cause féminine et féministe.
Oeuvre majeure de la bande dessinée underground états-uniennes, méconnue en France, la traduction de l’ensemble des fascicules et son regroupement dans un livre permettent de se plonger dans vingt années de l’histoire des femmes nord-américaines. Car c’est bien par leurs témoignages, leur hétérogénéité et les bandes dessinées engagées qui s’y donnent lieu, que Wimmen’s Comix incarne une déclaration d’émancipation et de lutte.
C’est un terrain fécond et fertile dont nous pouvons les remercier, nous femmes. Leur exemple a permis l’appropriation par d’autres de ce champ que l’on nomme contre-culture, comme moyen d’expression. Le plus célèbre en France dans les années 1970 dans la sphère de la BD est proposé par la revue Ah! Nana, dont la transgression et la subversion face aux codes attendus d’expression du 9e art dit « féminin » (terme sans valeur, il n’y a pas de bande dessinée féminine sauf pour ses contempteurs) a subi la censure très rapidement. Merci à elles toutes, autrices de Bandes dessinées, pour l’exemple offert et le travail accompli dans le cadre de notre médium, mais aussi pour l’ensemble des causes que nous portons. En espérant en être les dignes héritières.

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