Présentation et signature du livre « Shock Factory. Culture visuelle des musiques industrielles (1969-1995) » par Nicolas Ballet 08.03.24

Le courant des musiques industrielles, apparu au milieu des années 1970, loin de s’en tenir à un phénomène d’expérimentation sonore a produit en quelques années une culture visuelle globale croisant de nombreuses pratiques artistiques (collage, mail art, installation, film, performance, son, vidéo), dans un dialogue étroit avec l’héritage de la modernité et sous l’emprise croissante des technologies. Ce phénomène britannique amorce un mouvement qui connaît un grand développement en Europe, aux États-Unis et au Japon durant les années 1980. Élaboration de synthétiseurs, manipulation et transformation de sons enregistrés issus de bandes audio, recyclées ou conçues par les artistes, les expérimentations sonores déployées par les groupes industriels viennent enrichir un éventail de productions visuelles radicales, prenant leurs sources dans les utopies modernistes de la première partie du XXe siècle. Les sons saturés et dissonants se traduisent en images abrasives, altérées par un détournement des techniques de reprographie (Xerox art) qui investissent des thèmes ambivalents, pour le moins polémiques pour l’époque : contrôle mental, criminalité, occultisme, pornographie, psychiatrie et totalitarisme, notamment. Ce livre entend inscrire le projet visuel de la culture industrielle dans une histoire générale de l’art en analysant la dissidence d’une scène qui anticipe les problématiques actuelles autour des médias et de leur pouvoir coercitif.

Docteur en histoire de l’art et attaché de conservation au Centre Pompidou, Nicolas Ballet consacre ses recherches aux cultures visuelles alternatives, à l’art expérimental, aux sound studies et aux avant-gardes artistiques. Il enseigne l’histoire de l’art contemporain à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et a écrit de nombreux textes explorant les apports visuels et sonores des contre-cultures et des pratiques artistiques expérimentales. Il est l’auteur de deux livres sur Genesis P-Orridge et a notamment publié dans Les Cahiers du Musée national d’art moderne, Octopus Notes, Marges, OpticalSound, Volume !, Revue & Corrigée, Klima, dans les Cahiers du CAP et Histo.art aux Éditions de la Sorbonne, ainsi que dans des ouvrages consacrés aux œuvres de Nigel Ayers et de Zoe Dewitt. En 2023, il a été le commissaire de l’exposition « Who You Staring At? Culture visuelle de la scène no wave des années 1970 et 1980 » au Centre Pompidou.

Le vendredi 8 mars à 19h à La Fanzinothèque en présence de l’auteur, suivi des concerts de Vipères Sucrées Salées et Structures au Confort Moderne.